POURQUOI NOUS CULPABILISONS DE TOUT ?

Au fil du temps, j’ai découvert que ce sentiment touchait de nombreuses personnes. Puis aujourd’hui, au fil des psychothérapies que j’assure, je constate que la culpabilité reste l’un des sentiments le plus fréquent, l’un des plus pénibles à supporter et l’un des plus dévastateurs.

Afin de mieux comprendre ce sentiment de culpabilité, voici un autre exemple plus général que vous avez peut-être connu :

Votre meilleur ami a besoin d’aides pour son déménagement. Cette perspective ne vous enchante guère et vous inventez une raison pour ne pas y participer. Seulement des remords vous envahissent :  Si personne ne l’aide comment va-t-il s’en sortir ? Il ne m’a jamais tourné le dos, comment puis-je me comporter ainsi….. ?

C’est ainsi que l’on se sent fautif car nous sommes en décalage entre ce que l’on a fait et ce que l’on pense qu’on aurait dû faire.

L’intensité de notre malaise dépend de notre histoire et des valeurs morales qui nous ont été enseignées. Certaines personnes émettent juste quelques regrets, d’autres qui se sentent honteuse et d’autres qui se dénigrent.

La psychologie se penche davantage sur la culpabilité mal placée, celle qui nous torture sans raison valable et nous donne l’impression de porter le poids de l’univers sur nos épaules.

La culpabilité peut être ponctuelle ou chronique. Elle peut s’exprimer par une boule à la gorge, une sensation physique d’oppression ou une agitation mentale. Elle est associée à des faits passés ou présents, elle incite à regarder en arrière, vers un passé souvent déformé par les regrets, les remords et les jugements sur l’expérience passée.

La culpabilité va émerger dans le champ des émotions, à la suite d’une transgression réelle ou imaginaire d’une règle morale. Il s’agit d’une émotion qui vient mobiliser votre sens moral et les systèmes idéologiques qui vous structurent.

Dans ces conditions, vous pouvez être amené à devoir choisir entre la satisfaction d’un besoin personnel et l’accomplissement d’une obligation morale. Autrement dit, vous allez devoir faire des choix qui seront vécus comme des déchirements renvoyant à un sentiment de frustration qui sera élaboré dans un second temps sous forme de culpabilité.

Selon Freud, la culpabilité résulte de l’angoisse de notre petit Moi face aux exigences de perfection du Surmoi, de la conscience morale. Plus nous nous voulons sans défaut, aimables, plus ce juge intérieur nous tourmente et nous incite à nous sentir petits.

Pourquoi certains sont ils plus enclins à éprouver de la culpabilité que d’autres ?

Une éducation autoritaire, basée sur le chantage affectif, fragilise. Même une personne élevée sans violence psychologique peut également en pâtir. Nous intégrons en effet le rapport à l’idéal – ce qu’il faut être pour être quelqu’un de bien- véhiculé inconsciemment par nos parents. Il n’est donc pas rare qu’un père et une mère « cool » fabriquent des enfants torturés par la culpabilité, car ceux-ci ont absorbé l’idéal inconscient de leur géniteur.

La naissance d’un cadet suffit à ancrer ce sentiment en nous. Car dès son plus jeune âge, l’être humain, éprouve le besoin de trouver une raison à chaque évènement.

Aussi, apercevant le nouveau venu, il peut imaginer que ses parents ont décidé de faire un autre bébé car il est inapte à les satisfaire ou parce qu’il a fait quelque chose de mal.

Ensuite la fratrie sera le lieu de comparaison défavorables. A fortiori quand les parents eux-mêmes créent des liens de rivalité : « Regarde ta sœur toujours aussi gentille, elle…! »

L’habitude de se comparer aux autres à l’école, au lycée, au travail ne fait qu’amplifier le sentiment de culpabilité. Et à force de s’évaluer « je suis mieux que lui »ou «  Je suis moins bien qu’elle » on oublie d’être soi.

Voici quelques pistes pour vous délester du fardeau de la culpabilité et reprendre de la hauteur.

 La 1ère étape consiste à retrouver le plaisir d’être soi. Cesser de penser en termes de « je suis plus que… » ou « Je suis moins que… »mais plutôt en intégrant « Je suis, j’existe ! »

Passer de « je dois » à « je peux » c’est la voie de la responsabilisation que nous avons tendance à confondre avec la culpabilité.

Prenons un exemple banal :

Je n’ai pas rendu visite à ma grand-mère depuis plusieurs jours et je suis consciente que ce n’est pas bien. Plutôt que de me raconter des histoires pour me déculpabiliser « je n’ai pas le temps », de m’autoflageller « je suis ingrate » ou de banaliser « ce n’est pas grave ». Je vais plutôt réfléchir aux sentiments que je lui porte, au désir d’être ou non avec elle.

C’est cela se responsabiliser : renoncer aux mensonges.

Puis il nous faut aussi repenser nos liens aux autres, cesser de les percevoir comme des rivaux ou des témoins de notre médiocrité.

Parfois une psychothérapie s’impose : une écoute qui ne juge pas. Se savoir entendus permet de nous faire prendre corps et de nous sentir à l’aise dans ce corps. Nous apprenons alors à faire preuve de bienveillance et de sincérité avec nous-mêmes.

Progressivement, nous ne cherchons plus à plaire, nous agissons, nous avons moins peur du rejet, nous nous acceptons.

2ème étape : Exercer sa liberté de conscience

Il est important de prendre conscience que votre culpabilité n’est pas le signe de vos difficultés de positionnement vis-à-vis des attentes sociales ou de votre propre système morale.

Il est essentiel psychiquement de se donner le droit de déroger aux attentes lorsque la tension est trop forte. Rester à l’écoute de vos limites et les respecter, vous permettra de vous distancer des impératifs moraux à la source de votre culpabilité. Ainsi vous transformez votre rapport à celle-ci en lui rendant sa juste place de signal d’alerte plutôt que de la vivre comme une condamnation morale.

Il est essentiel de se donner la liberté de questionner la légitimité de cette exigence sans vous considérer comme fautif et ne pas vous y plier.

C’est à cet endroit que votre liberté de conscience doit pouvoir vous libérer d’une culpabilité.

3ème étape : Apprendre à traduire l’émotion

« De quoi vous sentez vous coupable exactement ? » permet de mettre des mots sur cette émotion.

Ecrivez sur un carnet ce que vous ressentez, les faits qui vous ont amenés à ce ressenti et les conséquences sur votre environnement personnel.

Laissez votre esprit s’exprimer le plus librement possible, sans jugement.

4ème étape : ralentir en vous reconnectant à votre environnement

Porter attention à 5 choses que vous voyez :

– 5 sons que vous entendez.

– 5 choses que vous pouvez toucher ou sentir sur votre peau.

– Posez les pieds fermement sur le plancher : sentez le sol vous soutenir et soutenir votre poids

Puis un second exercice la respiration.

Fermez les yeux, connectez vous à votre respiration et observez le mouvement de va et vient.

J’espère que ces quelques pistes vous permettront de mieux comprendre et de gérer le sentiment de culpabilité en le dépassant.

Si cela persiste n’hésitez pas à consulter un psychothérapeute.